lettre au premier ministre| Auteur: admin
Monsieur Le Premier Ministre Jean Marc AYRAULT
Monsieur le Premier Ministre,
Au seuil de l’année 2013, face à la dégradation importante de l’emploi, vous avez fait de ce sujet l’orientation majeure de votre politique et de votre communication.
Paradoxalement, vous vous apprêtez à valider sous une forme à peine modifiée, une réforme de la biologie médicale issue du gouvernement précédent qui détruit l’emploi et met en danger la santé du patient. Il s’agit au départ d’une ordonnance, fruit d’une manigance politico-financière néo libérale destinée à mettre en vente notre profession. Pour y arriver, elle impose un véritable coup de massue sous forme de normes industrielles inadaptées et ultra-coûteuses amenant les biologistes à vendre tôt ou tard aux financiers. Ces derniers licencient alors le personnel, suppriment le matériel technique du laboratoire racheté, et les prélèvements s’en vont dans des glacières vers des usines à analyses parfois éloignées. Quelle qualité, quelle sécurité et quelle chance pour le lien social et l’emploi ! Or le laboratoire de proximité, dont on fustige la faiblesse de la qualité technique sous le prétexte de faibles volumes, ce qui est faux aux vues des résultats des contrôles de qualité nationaux, privilégie le patient à la rentabilité et développe les emplois de proximité spécialisés.
Pendant plus de deux ans, alors que vous étiez dans l’opposition, un très grand nombre de biologistes n’ont cessé d’alerter tous les élus votre parti dont la plupart déclaraient alors prendre conscience de la catastrophe et la nécessité de revoir complètement cette réforme. (Voir les nombreuses copies de courriers sur notre site rubrique www.bioprat.com section des « les forums » et ensuite « réponses des politiques »).
Malheureusement, la réforme que vous vous apprêtez à promulguer grâce à une procédure raccourcie, est appuyée par certains des syndicats institutionnels que vous écoutez préférentiellement.
Ces syndicats de toute évidence semblent avoir des intérêts dans les millions d’euro des deux grands marchés qui motivent cette réforme, à savoir celui du rachat des laboratoires et celui de la formation professionnelle pour les normes industrielles. Ils font fi de l’intérêt collectif pour défendre des intérêts personnels, et ignorent le refus des biologistes, pourtant authentifié par le sondage CSA ci-joint.
Face à cela, des biologistes comme moi se sont retrouvés dans une coordination transformée récemment en syndicat, destiné à faire entendre l’avis de la majorité des biologistes. Ce syndicat compte à ce jour plus de 200 biologistes et peut se prévaloir de 500 000 signatures de patients et de 2000 signatures de biologistes opposés à cette réforme.
Nous demandons à ce que les aspirations de la majorité soient prises en compte, notamment la suppression de l’obligation ces normes industrielles inadaptées, tout en permettant au biologiste de collaborer partiellement avec ses confrères pour assurer un service et maintenir une activité technique de proximité.
Nous vous rappelons que notre profession dispose de facultés de médecine et pharmacie largement suffisantes pour assurer l’enseignement postuniversitaire et l’amélioration de la qualité de travail à moindre coût, et c’est d’ailleurs ce que font TOUTES les autres professions de santé. Ce système rend absurde l’imposition de normes industrielles validées par un organisme privé le COFRAC, à qui on ouvre les portes de façon inadmissible et qui rackette littéralement notre profession au nom de normes délirantes. Notre profession n’a jamais posé de problème sanitaire majeur, les patients l’estiment presque autant que les pompiers (sondage LCI) et elle était génératrice d’emplois jusque-là. Pour enrichir une poignée de nantis, on la met en pièces en l’accusant de la rage et on la vend, on supprime et on dégrade ses emplois avec à la clef la mise en danger du patient.
Plutôt que voter en accéléré cette réforme néo libérale à peine retouchée et finalement jamais vraiment débattue, nous vous demandons un engagement sur sa remise à plat en faveur de l’emploi, conformément aux convictions que vous brandissez.
Nous espérons recevoir de votre part autre chose qu’une réponse convenue et transmise au ministre de tutelle, ou qui cherche à justifier la reprise de cette réforme au nom de l’inexorable modernité des choses et de l’Europe, où, nous vous rappelons qu’existe le droit de « subsidiarité » pour l’organisation du système de santé.
Veuillez agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de mes sentiments distingués.
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