La veille au soir, les retraites au flambeau avait déjà remporté un beau succès dans la capitale et de nombreuses villes de province. Mais il ne s’agissait que d’un prélude à une participation particulièrement massive aux manifestations du lendemain…
Les cheminots, les agents de la RATP reprennent leur souffle et sont toujours présents en nombre
Ce 24 janvier, dans le cortège FO parisien, nombreux sont ceux qui ne savent plus très bien à combien de jours de mobilisation on en est : 50, 51, 52 ? On en rit, parce que tout le monde peut le constater : la mobilisation est toujours là et elle ne semble pas prête de s’éteindre.
« Le mouvement ne s’essouffle pas. Les cheminots, les agents de la RATP ont juste besoin de reprendre leur souffle. Ils se concentrent sur les temps forts sans rien lâcher. Et ce matin, dans les assemblées générales, les cheminots ont de nouveau massivement voté la grève, et pour beaucoup sa reconduction jusqu’au 29. Il y a quelques jours, nous sommes allés soutenir les éboueurs, parce qu’il est crucial que la mobilisation s’étende. Que la grève prenne, comme à la centrale de Gravelines, c’est très important. », explique Philippe Herbeck, secrétaire général de la fédération FO des cheminots.
Des salariés qui bravent les obstacles pour être là
Au milieu des métallos, bien visibles avec leurs chasubles rouges ou encore des employés de commerce ou des organismes sociaux, on trouve aussi des catégories beaucoup moins habituées à se mobiliser, comme ces salariées de laboratoires d’analyses médicales. L’une d’entre elles, Véronica, témoigne : « Le rachat des labos par de grands groupes a tiré les salaires par le bas, on est très mal payés et donc c’est difficile de se mettre en grève, de perdre des jours de salaires. Et puis nous sommes éparpillés, isolés, nous avons beaucoup de mal à nous réunir, à discuter. Et on se fait repérer très vite. » Et pourtant, elles sont là. « Oui, il le faut, et il faut expliquer encore et encore à nos collègues, autant que possible, que ce projet c’est la fin de nos retraites et de celles de nos enfants. Je suis très inquiète pour eux », conclut Véronica.
« On ne peut plus continuer ainsi »
Un peu plus loin, Gaëlle, institutrice en maternelle, non syndiquée (mais « plus pour longtemps »), raconte : « Je suis venue avec mes collègues de FO. Je suis mobilisée depuis le début, même si je n’ai fait que sept jours de grève pour venir aux manifs. Ce n’est pas ma première grève, mais ce n’est pas non plus dans mes habitudes de la faire, c’est la première fois que je suis autant mobilisée. C’est le ras-le-bol, celui de ne pas être écoutés. On nous dit que nous allons être revalorisés, mais on sait très bien que la première chose qu’ils ont faite en arrivant au gouvernement a été de geler le point d’indice et d’annuler la prime que la ministre précédente avait promise. On ne peut pas les croire ! Dans l’Education, plus rien ne va. On nous parle de bienveillance, mais on a des classes de 30, 32, 34 élèves ! Mon fils a dix-huit ans, la réforme du bac c’est une catastrophe. Et celle des retraites, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase d’un malaise général. Je trouve que les enseignants ont été bien gentils jusqu’à présent. On ne peut plus continuer ainsi. »
Yves Veyrier : « Notre détermination est intacte »
En début de manifestation, le secrétaire général de la confédération, Yves Veyrier résumait : « Nous avons compris qu’on avait affaire à un gouvernement obstiné, et bien nous, nous ne sommes pas obstinés, nous sommes déterminés. Et notre détermination est intacte (…) Tout le monde a remarqué que la mobilisation prend des formes diverses. Nous allons entrer dans une phase de débats parlementaires, et bien nous examinerons quelles formes de la mobilisation nous allons mettre en place pour être entendus. »
Il soulignait : « Le Président dit que c’est une réforme pour durer, je vous parie qu’elle ne durera pas, soit parce que nous arriverons à nous faire comprendre très rapidement et que cette très mauvaise idée sera mise de côté, soit parce qu’elle sera de toutes les façons très largement corrigée. Le gouvernement a d’ailleurs déjà dû faire des corrections. Il a malheureusement fallu la mobilisation, la grève, pour qu’il reporte son application à la génération 75, qu’il concède des dispositions spécifiques à tel ou tel secteur. On voit bien que le mouvement est déjà enclenché. Il serait temps que le gouvernement revienne à la raison. »