Réponse au journal LE POINT et aux marronniers de l'été| Auteur: admin"les marronniers de l'été " sont les sujets recurrents qu'affectionne la presse et qui reviennent en boucle pour faire monter le tirage( les plantes qui guerrissent, le top des hôpitaux,la chirurgie esthétique,etc etc). le POINT nous livre donc un exemple type des" marronniers de l'été " intitulé "les nouveaux assistés" et met en cause la demande d'analyses. Nous y répondons:voici la lettre que vous pouvez téléchager et envoyer vous aussi à votre entête.lepoint1013.doc
Monsieur,
Je me permets de réagir après l’article paru dans votre numéro du 24 octobre, évoquant le rapport de la Cour des comptes sur l’augmentation du volume des analyses médicales depuis les années 2000, et qui conclut sur une injonction d’en baisser fortement les tarifs. Comme tout premier commentaire je voudrais dire qu’il serait bon mettre ce chiffre face aux autres indices, médicaux et non médicaux, comme celui de la construction par exemple, qui témoignent d’ une forte inflation, eux aussi. Ensuite, concernant cette augmentation des analyses biologiques qui vous interpelle, je l’expliquerais de plusieurs façons :
Les patients et médecins ne s’y trompent pas, surtout en ces temps de saturation médicale, et plébiscitent notre profession qui leur permet souvent, de façon simple et pratique, d’éviter les urgences et de gagner un temps précieux, parfois salutaire…Nous ne participons pas à l’assistanat, nous l’évitons, en permettant de cibler plus vite l’acte thérapeutique idéal. C’est peut-être pourquoi nous sommes classés derrière les pompiers parmi les professions de confiance. (Sondage LCI) La facturation de nos actes n’a pas été revalorisée depuis les années 90 : en termes techniques, la « lettre clef » qui se nomme le « B » et facture nos analyses vaut toujours 0.27 euro depuis cette date. (Par exemple, une glycémie vaut 5 B soit 0.27 x 5= 1.35 euro). Ce que nous gagnons et le fruit de nos études (plus de 10 ans) et notre travail, et pas celui de la spéculation.
De plus, nos analyses sont continuellement dévaluées depuis 20 ans par une diminution de ce nombre de « B » attribué à chacune d’entre-elles: dans ces conditions, l’augmentation citée par la Cour des comptes correspond à des analyses effectuées, et non nos tarifs, comme ont pourrait le penser en lisant trop vite. Depuis 7 ans, nous subissons ainsi une baisse itérative de 4% par an soit 28% en tout, et l’injonction de la Cour des comptes nous amènerait presque à 40 % ! Et une baisse récurrente de 4% est prévue tous les ans durant les prochaines années !!! Quelle entreprise peut résister à cela, même si son activité augmentait beaucoup? Votre journal pourrait-il tenir le coup dans ces conditions? À cela il faut ajouter l’imposition d’une réforme vénale qui aggrave la situation : les laboratoires ferment, ou sont vidés de leurs machines et ne sont en réalité que des centres de prélèvements incapables de réaliser une analyse, mettant en danger la santé du patient. Cette tromperie aurait dû vous interpeller bien avant le rapport de la Cour des comptes, car on fait croire désormais aux patients qu’ils se rendent dans un véritable laboratoire, alors que c’est faux … Votre prochain titre sur notre profession pourrait être : « allez aux nouveaux laboratoires-décor, vous en sortirez les pieds devant » Avec les pseudo économies sur la biologie brandies par la Cour des comptes, la désertification et la dégradation des soins ont de beaux jours devant elles, et il faut ajouter la pénurie de biologistes, car les jeunes ne veulent rentrer dans une profession qui a la palme des dénigrements de votre type, baisses tarifaires et de la dégradation des conditions de travail à cause de cela. Les injonctions de la Cour sont bien étranges : dans le même rapport sont exposés d’autres sujets comme le site internet de Carla Bruni facturé 400.000 euros, ou le sauvetage de banque DEXIA qui a couté 6 milliards d’euros, ou le manque à gagner pour l’état d’environ 15 milliards suite à des concessions autoroutières trop laxistes. Et dans tous ces cas, pas la moindre injonction à récupérer ces sommes, pourtant bien plus importantes que celles attendues dans la biologie (quelques centaines de millions d’euros). Car devant les groupes financiers du BTP, ou la femme de l’ex-président, on est beaucoup moins directif et plus feutré, que pour une profession sur laquelle on peut frapper sans crainte, afin de mieux briller comme redresseur de torts… Les politiques, les médias, les décideurs économiques voient les professions de santé comme des distributeurs de soins, sortes de nantis gâtés, et les considèrent à la façon des grandes surfaces vis-à-vis de leurs fournisseurs. Ils ne se rendent pas compte que le corps médical va de plus en plus au-delà de ses attributions en devenant « la nounou » d’une société déchirée et qui l’empêche de s’effondrer. Passez une journée dans un laboratoire ou une pharmacie, vous en ressortirez épuisé, à force de voir ce que ces professionnels assurent et qui va bien au-delà de la pratique initiale de leur métier. Aujourd’hui, où plus personne ne parle à son voisin, le corps médical est le seul qui écoute, pourtant, c’est lui que vous dénigrez.
« L’appétence » des patients pour les soins de santé que vous évoquez est l’expression d’une véritable souffrance sociétale, sur laquelle il serait plus intéressant de vous pencher plutôt que de rabâcher les poncifs, véritables « marronniers de l’été », sur le coût des médicaments où des analyses… Je me déplace à 6 heures du matin pour 4.75 euros de frais de déplacement, quelle profession non médicale accepterait de la faire à ce tarif ? N’oubliez pas que l’on aide les buralistes face à la baisse de la consommation du tabac, qui est une des causes de mortalité les plus importantes, mieux vaut étrangler un professionnel de santé qu’un diffuseur de mort… À quoi risque d’aboutir votre article ? À servir de caution aux autorités de tutelles, pour de nouvelles baisses tarifaires qui entraineront des pressions supplémentaires sur les salariés, des ruptures de médicaments, car les industriels diminueront la fréquence de fabrication, des labos fermés l’après midi ou le samedi, des étudiants qui fuiront les filières médicales et la dégradation des soins de santé qui iront avec.
J’espère que vous aurez la courtoisie de passer ma réponse dans votre prochain numéro qui poserait un autre regard, qui s’écarte de vos poncifs convenus, sur notre profession et le grave problème de santé publique, complètement occulté, lié à ces injonctions et la réforme de la biologie. |
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