PARIS (Reuters) - Edouard Philippe a dévoilé mardi une série de mesures qui doivent permettre de résorber les "dépenses contraintes", "angles morts" du pouvoir d'achat qui grèvent le budget des ménages, une question au coeur de la crise des "Gilets jaunes".
Trois mois après le début du mouvement, le Premier ministre a profité des 10 ans de l'Autorité de la concurrence pour confirmer l'intention du gouvernement de jouer sur le levier de ces dépenses, en hausse depuis dix ans dans quatre secteurs (transport, logement, santé et services financiers).
"Le temps est probablement venu de résorber quelques-uns de ces 'angles morts du pouvoir d'achat'", a déclaré Edouard Philippe lors d'un discours à Paris, estimant que "chaque hausse injustifiée" de ces dépenses "s'apparente à un impôt caché".
Selon l'Insee, le poids des dépenses contraintes représente une part croissante du budget des ménages français. Il est passé de 12,4% du revenu disponible en 1959 à 29,4 % en 2017, une hausse qui s'explique pour "plus de trois quarts" par l'augmentation des dépenses liées au logement.
Voici les trois mesures annoncées ce mardi :
SITE INTERNET DE COMPARAISON DES OFFRES ENTRE AUTO-ECOLES
A l'heure actuelle, "les candidats se heurtent à une très grande variété de tarifs et bien souvent, ils ignorent le taux de réussite des auto-écoles et le coût final de la formation", et "la confusion règne au niveau des offres d'appel", a estimé le chef du gouvernement.
Pour pallier ce problème, un comparateur des prix et des taux de réussite des auto-écoles va être mis en place afin de permettre aux candidats de choisir "de manière éclairée entre des offres qui peuvent varier du simple au double."
Cette mesure figurait dans le rapport de la députée Françoise Dumas sur le permis de conduire remis à l'exécutif. Quelque 1,51 million de personnes ont passé l'examen du permis de conduire en 2017, pour un coût moyen de 1.600 euros.
FACILITER LA MISE EN CONCURRENCE ENTRE SYNDICS
Les syndics ont obligation de fournir un contrat-type et d'être mis en concurrence tous les trois ans mais "dans les faits" c'est loin d'être le cas, a relevé Edouard Philippe.
L'exécutif souhaite donc "rendre effective la mise en concurrence à l'échéance du contrat, en informant mieux les copropriétaires sur leurs possibilités et en facilitant la portabilité des contrats".
Le non-respect de l'obligation de présentation d'un contrat- type sera sanctionné de 3.000 euros pour les personnes physiques et de 15.000 euros pour les personnes morales, selon Matignon.
OUVERTURE PROGRESSIVE DU MARCHE DES PIÈCES DÉTACHÉES
Les pièces détachées constituent "un budget important pour les ménages gros rouleurs, surtout lorsque leurs véhicules sont usés", a souligné Edouard Philippe.
"Or, les prix de ces pièces et donc ceux de la réparation sont plus élevés chez nous qu'ailleurs en Europe, probablement parce qu'en France, un constructeur bénéficie de l'exclusivité de la vente des pièces détachées visibles et que la concurrence se trouve probablement trop faible", a-t-il ajouté.
Afin de réduire le prix de ces pièces, l'exécutif entend ouvrir "progressivement" et en lien avec les professionnels le marché, dans un premier temps des phares, des vitres et des rétroviseurs, puis celui des pièces de carrosserie, et encouragera l'utilisation de pièces de seconde main.
QUATRE AUTRES CHANTIERS
Le Premier ministre a également ouvert la voie à quatre chantiers sur lesquels l'exécutif souhaite avancer, en concertation avec les acteurs concernés, d'ici la fin de l'année.
Sur les assurances-santé, le gouvernement souhaite l'adoption rapide de la proposition de loi sur la résiliation des contrats en cours d'année. A l'heure actuelle, la rupture ne peut intervenir qu'à une date donnée, au 31 octobre de chaque année. Cette mesure était notamment portée par l'association UFC Que Choisir qui y voit une manière de lutter contre la hausse des cotisations.
Autre chantier, celui des laboratoires d'analyse médicale avec l'objectif de réduire les contraintes existantes - comme celle de réaliser l'essentiel des analyses sur place - pour leur permettre de baisser leurs prix.
Concernant la vente de médicaments en ligne, autorisée en 2015 mais encore quasi inexistante en France (1% contre 15% en Allemagne), l'exécutif souhaite "aller plus loin" en permettant notamment aux pharmacies de se regrouper pour vendre en ligne.
Enfin, dans le domaine bancaire, le gouvernement souhaite faciliter l'accès des Fintechs, entreprises technologiques du secteur financier, aux données des comptes bancaires qui le souhaitent afin d'offrir aux clients de nouveaux services.
(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)